Les inégalités
Où l'on apprend que les inégalités sont indispensables pour lutter contre la pauvreté

La Revue de l'Économie
_____
Interview du Docteur Woe
Dans un entretien percutant et pédagogique, le Docteur Woe, analyste satirique et critique du simplisme politique, nous explique pourquoi les inégalités ne sont pas seulement inévitables, mais essentielles au progrès humain. À travers une démonstration limpide et agrémentée de citations marquantes, il dévoile comment les écarts, propulsent les sociétés vers l’innovation et la prospérité.
La Revue de l'Économie : Dr. Woe, pourriez-vous définir ce que sont les inégalités sociales ?
Dr. Woe : Les inégalités sociales désignent les écarts entre les individus ou les groupes au sein d’une société, que ce soit en termes de revenus, de patrimoine, d’éducation, ou encore d’accès aux opportunités. Ces différences sont le résultat de multiples facteurs : la diversité des talents, des ambitions, des choix de vie, et des contextes familiaux. Elles sont inévitables dans une société libre, car elles reflètent la complexité humaine et les dynamiques naturelles de la vie.
La Revue de l'Économie : Vous affirmez que les inégalités sont un vecteur de progrès ?
Dr. Woe : Absolument. Les inégalités ne sont pas seulement inévitables, elles sont un formidable moteur d’émulation et de coopération. Elles encouragent l'individu à échanger, à chercher chez l'autre ce qu'il ne peut produire lui-même. C'est le fondement des économies modernes et, plus largement, de notre civilisation.
Ainsi un ouvrier voudra échanger son travail contre un salaire. Pour cela il n'ira pas voir un autre ouvrier mais un patron qui peut l'embaucher. Si ce patron n’existait pas – s’il n’avait une meilleure situation que lui –, cet ouvrier n’aurait ni emploi ni salaire. Paradoxalement, c’est l’inégalité de leur situation qui permet cet échange bénéfique pour les deux parties. Cette complémentarité sauve l’ouvrier de la misère et contribue à l’enrichissement collectif.
A l’échelle de la société, les inégalités, en structurant ces échanges, deviennent un catalyseur de prospérité.
Mais ce n’est pas tout. Les inégalités suscitent aussi une aspiration : celle d’améliorer sa condition. L'ouvrier, peut décider un jour de devenir patron à son tour. Pour cela, il se dépassera, innovera, apprendra de nouvelles compétences. C’est ainsi que naît l’entrepreneuriat, ce formidable levier de création de richesse et d’innovation. Puis l'ouvrier se mettra à embaucher à son tour...
Enfin, les inégalités sont également le socle nécessaire pour une division du travail, un pilier indispensable de notre progrès civilisationnel. Comme je l’ai expliqué ici (cf. La division du travail), elles permettent à chacun de se spécialiser dans ce qu’il fait de mieux.
David Ricardo et Friedrich Hayek l’ont démontré : c’est précisément parce que nous sommes différents que nous pouvons collaborer et prospérer ensemble. Les inégalités, loin d’être un problème, sont donc une force vive qui tire la société vers l’avant.
La Revue de l'Économie : Pourtant beaucoup veulent combattre les inégalités. Qu'en pensez-vous ?
Dr. Woe : Combattre les inégalités est une utopie dangereuse : celle où tout le monde aurait des revenus et des conditions de vie similaires, indépendamment des efforts, de sa condition, des talents ou des choix individuels. C'est la vision socialiste de la société, reprise en choeur par les interventionistes de tous bords.
Pour parvenir à cette égalité artificielle, il faut pénaliser ceux qui réussissent et subventionner ceux qui ne font pas d’efforts. Cela revient à brider les méritants et à récompenser l’inaction.
Cependant, les conséquences vont bien au-delà. Une réduction des inégalités va mécaniquement engendrer une diminution des échanges. Là commence la catastrophe : moins d’échanges, c’est moins d’opportunités économiques, c'est donc un appauvrissement global de la société. En voulant égaliser, on détruit la prospérité collective.
Hayek l’a parfaitement résumé : "La quête d’une égalité totale finit toujours par produire une société où tout le monde est également pauvre."
Enfin, cette utopie se démontre facilement par l’absurde : si l’on voulait, au nom de la "justice sociale", instaurer une égalité parfaite, il faudrait que nous soyons tous des clones identiques, vivant au même endroit, sous les mêmes conditions, avec la même météo. Une absurdité totale, qui va à l’encontre même de la diversité humaine et des réalités naturelles.
En somme, vouloir imposer une égalité totale, c’est nier la nature humaine. Ce n’est plus une société, c’est une usine à clones. Comme Milton Friedman l’a dit : "Une société qui met l’égalité au-dessus de la liberté finit par perdre les deux."
La Revue de l'Économie : Si malgré tout on acceptait de devenir plus pauvres en échange d'une meilleure égalité sociale. Que se passerait-il ?
Dr. Woe : Précisons que "plus pauvres" signifierait dans ce cas très pauvres à terme. Voyez l'ex-URSS ou à Cuba. Voyez aussi le déclassement progressif de la France où le pouvoir d'achat est de plus en plus malmené, alors que nous déjà avons emprunté plus de 3 000 milliards €.
La recherche d'une meilleure "égalité sociale" aurait des effets désastreux qui suivraient une logique implacable et conduisant à l’appauvrissement général.
Taxation contre-productive, voire punitive : L’État impose des taxes excessives à ceux qui travaillent – entrepreneurs, investisseurs, travailleurs qualifiés – pour les redistribuer. Cet argent manquera à l'économie pour créer de la valeur, et de fait la société dasn son ensemble prospérera moins.
Redistribution destructrice de valeur : L’argent taxé est consommé sous forme d'aides sociales. Toute consommation étant destructrice de valeur l'argent taxé est ainsi perdu. La collectivité s'appauvrit un peu plus.
Réduction des échanges : En nivelant les différences, on limite les échanges, qui sont le moteur de la création de richesse. Moins d’échanges, c’est moins d’activité économique, ce qui affaiblit encore l’ensemble de la société.
Appauvrissement généralisé : Ces effets combinés – taxation, destruction de valeur et réduction des échanges – mènent à une diminution des niveaux de vie, puis à la pauvreté.
La Revue de l'Économie : Vous suggérez aussi que la quête d’égalité sociale mène à la servitude. Pourquoi ?
Dr. Woe : Absolument. Pour atteindre une égalité parfaite, l’État doit intervenir de manière massive et coercitive. Au-delà de la taxation, cela implique de contrôler et même d’uniformiser les comportements et les choix individuels. Cette centralisation du pouvoir restreint inévitablement les libertés individuelles.
Alexis de Tocqueville l’a parfaitement exprimé : "L'égalité extrême finit par concentrer tout le pouvoir entre les mains d'une administration centrale, transformant les citoyens en serviteurs dociles."
Il disait aussi : "Il y a une passion étrange et en quelque sorte enivrée dans le cœur des hommes pour l’égalité, qui les pousse à préférer l’égalité dans la servitude à l’inégalité dans la liberté."
La Revue de l'Économie : Donc, d’après vous, il ne faut pas aider le pauvre et l’indigent ?
Dr. Woe : Absolument pas ! Aider son prochain est une vertu essentielle, et je ne peux que l’encourager. Il ne faut pas confondre aider les pauvres et s'attaquer aux inégalités.
Réduire les inégalités à tout prix, ou instaurer un système visant à les effacer, détruit les moteurs mêmes de la prospérité. Paradoxalement, ce sont les inégalités qui permettent de combattre efficacement la pauvreté en stimulant les échanges, la création de richesse et l’innovation.
Regardons le passé. Au Moyen Âge, par exemple, l’aide aux pauvres et aux indigents n’était pas centralisée par l’État, mais organisée par des institutions locales comme les monastères et les guildes. Les monastères jouaient un rôle crucial : ils nourrissaient les pauvres, soignaient les malades et offraient un refuge aux plus démunis. Ces institutions utilisaient leurs ressources pour répondre aux besoins immédiats, tout en encourageant les bénéficiaires à participer à la vie économique locale.
Au fil des siècles, des mécanismes similaires ont existé. Dans les communautés rurales, l’entraide entre voisins assurait une forme de sécurité collective. À la révolution industrielle, des entreprises et des philanthropes prenaient l’initiative d’aider leurs ouvriers en construisant des logements ou en finançant des écoles.
Ces systèmes avaient une caractéristique clé : ils n’essayaient pas d’effacer les inégalités, mais de répondre aux besoins réels et urgents, tout en laissant intacte la dynamique économique. Ils ne bridaient pas les producteurs de richesse, mais leur permettaient de continuer à prospérer, ce qui profitait à toute la société.
Aider les pauvres est non seulement nécessaire, mais louable. Cependant, cela doit se faire sans détruire les inégalités qui, elles, sont le moteur de l’économie et la clé pour erradiquer à terme la pauvreté dans une société.
La Revue de l'Économie : En conclusion, vous diriez que les inégalités sont… ?
Dr. Woe : Une nécessité pour le progrès de l’humanité. Ce sont elles qui stimulent l’innovation, l’effort et la créativité. En voulant les effacer, on détruit leur rôle moteur et on appauvrit tout le monde. La clé, ce n’est pas de les éliminer, mais de les canaliser avec une égalité des chances et un respect de la liberté. Comme le disait Ludwig von Mises : "Ce n’est pas l’égalité qui fait avancer le monde, mais la liberté."